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Introduction: Législateurs, tyrans et colons
Aristote, Politique, II 12 (1273 b 27 - 1274 a 21)
"De tous ceux qui ont exposé quelque façon de penser
sur la forme du gouvenement, certains n'ont participé à
aucune activité politique quelconque, mais ont vécu
en simples particuliers [...]. D'autres au contraire sont devenus
législateurs, pour le compte soit de leur propre cité
soit de certains peuples étrangers, après avoir eux-mêmes
rempli un rôle d'homme d'État: parmi ces derniers, les
uns sont devenus de simples artisans de lois, et d'autres ont en outre
élaboré des constitutions, comme Lycurgue et Solon,
lesquels ont établi à la fois des lois et des constitutions.
[...Q]uant à Solon, certains pensent qu'il a été
un excellent législateur qui mit fin à une oligarchie
sans frein, affranchit le peuple de l'esclavage, et fonda la démocratie
de nos pères, avec un heureux mélange des différents
pouvoirs: le Conseil de l'Aréopage est, en effet, de type oligarchique,
l'élection aux magistratures, de type aristocratique, et l'organisation
des tribunaux de type démocratique. Solon, semble-t-il, tout
en se gardant d'abolir les institutions qui existaient auparavant,
telles que le conseil et l'élection des magistrats, a réellement
fondé la démocratie en composant les tribunaux de juges
pris parmi tous les citoyens. Aussi lui adresse-t-on parfois de vives
critiques, comme ayant détruit l'élément non
démocratique du gouvernement, en attribuant l'autorité
suprême aux tribunaux dont les membres sont tirés au
sort. [...] Toutefois, il apparaît bien que cette transformation
n'a pas été expressément voulue par Solon, mais
qu'elle est plutôt le fait des circonstances (car le peuple
devenu la cause déterminante de la suprématie acquise
sur mer pendant les guerres Médiques, s'abandonna à
l'orgueil et suivit des démagogues sans scrupules, en dépit
de l'opposition des citoyens éclairés): en effet, Solon
lui-même n'a vraisemblablement attribué au peuple que
le pouvoir strictement nécessaire, celui d'élire les
magistrats et de vérifier leur gestion (car si le peuple ne
possède même pas sur ce point un contrôle absolu,
il ne peut être qu'esclave et ennemi de la chose publique),
et d'autre part, il décida que tous les magistrats seraient
recrutés parmi les notables et les gens aisés, à
savoir dans la classe des Pentacosiomédimnes, dans celle des
Zeugites, et enfin dans une troisième, appelée classe
des Chevaliers [la deuxième en fait]; quant à la quatrième
classe, celle des Thètes, elle n'avait aucune part à
la vie publique."
[trad. J. Tricot légèrement modifiée]