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L'infanterie légère
Xénophon, Helléniques, IV, 5, 12-16
Victoire
des peltastes d'Iphicrate sur des hoplites spartiates près
de Corinthe
"Arrivés
à vingt ou trente stades de Sicyone, le polémarque,
avec les hoplites, qui étaient au nombre de six cents environ,
repartit pour Léchaion, en donnant l'ordre au commandant
de cavalerie, avec son escadron, une fois qu'il aurait escorté
les gens d'Amyclées jusqu'au point qu'eux-mêmes désigneraient,
de revenir sur ses pas pour rattraper l'infanterie. Il y avait à
Corinthe, en nombre, des peltastes et de l'infanterie : il ne l'ignorait
pas ; mais le sentiment de leur supériorité fondé
sur les événements précédents leur faisait
penser que personne ne s'attaquerait à eux. Cependant, de
la place de Corinthe, Callias, fils d'Hipponicos, le stratège
des hoplites athéniens, et Iphicrate, le commandant des peltastes,
les observaient et les voyaient peu nombreux, dépourvus de
peltastes et de cavalerie : ils estimèrent qu'il n'y avait
pas de danger à les attaquer avec le détachement de
peltastes ; si les Lacédémoniens s'avançaient
par la route, les projectiles qu'ils recevraient sur leur flanc
découvert causeraient leur perte ; s'ils tentaient de poursuivre
leur adversaire, il serait bien facile aux peltastes, si alertes,
d'échapper aux hoplites. Ils se décident donc et font
sortir les hommes. Callias déploya ses hoplites à
peu de distance de la ville, pendant qu'Iphicrate avec ses peltastes
attaquait le bataillon. Les Lacédémoniens sont atteints
par des projectiles ; çà et là des hommes sont
blessés, et même tombent ; les écuyers reçoivent
l'ordre de les ramasser et de les emporter à Léchaion
; et ceux-là furent les seuls du bataillon dont on peut dire
en vérité qu'ils s'en sortirent bien. Cependant le
polémarque donne aux hommes des dix plus jeunes classes l'ordre
de poursuivre ; mais, dans leur poursuite, il s'en fallait d'une
portée de javelot qu'ils pussent, hoplites contre peltastes,
rattraper l'ennemi ; car Iphicrate faisait reculer les siens, avant
que les hoplites n'arrivassent au contact ; puis quand ils avaient
reculé en ordre dispersé, - car dans la poursuite
chacun avait donné toute sa vitesse – les gens d'Iphicrate
faisaient demi-tour, et les uns commençaient à tirer
de front, les autres de côté, en s'avançant
à la course le long du flanc découvert. Dès
la première poursuite, ils ne tardèrent pas à
leur abattre neuf à dix hommes ; mais là-dessus la
pression devint encore beaucoup plus hardie. En voyant sa troupe
éprouvée, le polémarque donna de nouveau l'ordre
aux quinze plus jeunes classes de poursuivre ; en reculant, ils
perdent encore plus de monde que la première fois. Leurs
meilleurs soldats étaient déjà tombés
quand les cavaliers arrivèrent à la rescousse ; soutenus
par eux, ils se remirent à poursuivre. Les peltastes cédèrent
de nouveau ; et alors les cavaliers les attaquèrent avec
maladresse : au lieu de les poursuivre jusqu'à ce qu'ils
pussent en tuer quelques uns, ils gardaient l'alignement avec les
fantassins qu'on avait envoyés en avant, aussi bien dans
la poursuite que dans la retraite. Ils refont encore une fois les
mêmes mouvements qui leur valent les mêmes pertes ;
chez eux le nombre ne cessait de diminuer ainsi que l'ardeur, tandis
que les ennemis devenaient plus hardis et aussi sans cesse plus
nombreux à l'attaque."
Xénophon,
Helléniques,
IV, 5, 12-16.