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Tolérance ou exclusion?
Suétone, Claude, 2-3
"2. Il fut privé de son père dès
son plus jeune âge, et presque durant toute son enfance et
sa jeunesse, éprouvé par diverses maladies persistantes,
bien que faible d'esprit comme de corps, on le jugea inapte, même
à un âge plus avancé, à toute fonction
publique et privée. Pendant longtemps, et même après
qu'il fut sorti de tutelle, il resta sous la garde d'autrui et sous
la direction d'un précepteur: lui-même se plaint dans
un mémoire que cet homme, –un barbare, autrefois inspecteur
des haras–, ait été placé à dessein
auprès de lui pour le châtier, au moindre prétexte,
le plus cruellement possible. Toujours en raison de sa santé,
lors d'un combat de gladiateurs qu'il donnait avec son frère
en mémoire de Drusus, il présida un capuchon sur la
tête, contrairement à tous les usages, et quand il
prit la toge virile, on le porta an litière au Capitole,
vers le milieu de la nuit, sans aucune solennité (...).
3. Pourtant, dès son plus jeune âge, il s'appliqua
sérieusement aux études libérales et souvent
même fit connaître au public ses essais dans chaque
genre. Mais, malgré cela, il ne put acquérir aucune
considération ni faire mieux augurer de lui pour l'avenir.
Sa mère Antonia l'appelait couramment "une caricature
d'homme, un avorton simplement ébauché par la nature",
et quand elle taxait quelqu'un de stupidité. elle le déclarait
"plus bête que son fils Claude". Son aïeule
Augusta (Livie, la femme d'Auguste) eut toujours pour lui le plus
profond mépris: elle ne lui parlait que très rarement,
et ne lui donnait ses avis que par des billets durs et brefs, ou
par des tiers."