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La naissance de la démocratie athénienne
Structures et idéologie
L'éloge funèbre de Périclès, dans Thucydide, définit
comme suit le régime (II 37):
"Notre régime politique ne se propose
pas pour modèle les lois d'autrui, et nous sommes nous-mêmes des
exemples plutôt que des imitateurs. Pour le nom, comme les choses dépendent
non pas du petit nombre mais de la majorité, c'est une démocratie
(demokratia). S'agit-il de ce qui revient à chacun? la loi, elle,
fait à tous, pour leurs différends privés, la part égale
(to ison), tandis que pour les titres, si l'on se distingue en quelque
domaine, ce n'est pas l'appartenance à une catégorie, mais le mérite
(arete), qui vous fait accéder aux honneurs; inversement, la pauvreté
n'a pas pour effet qu'un homme, pourtant capable de rendre service à l'État,
en soit empêché par l'obscurité de sa situation."
La notion de démocratie est liée à
celle de majorité. Elle forme un système où chaque homme
vaut une voix, indépendamment de toute considération de fortune
ou de naissance. Le tirage au sort assure à chacun la même chance
d'accéder aux charges ou aux fonctions de juge. Cette égalité
n'est pas absolue.
Dans sa tendance profonde, la démocratie devrait
aboutir à la domination de la masse, à la tyrannie du grand nombre.
C'est l'idée qu'exprimeront les intellectuels du Ve et du IVe siècles.
Pourtant cette tendance sera contenue dans certaines limites. C'est que la démocratie
absolue était impossible à atteindre. Pour des raisons économiques
d'abord : les riches pourvoyaient à l'entretien des vaisseaux de l'État,
subventionnaient les fêtes et les concours, entretenaient les gymnases.
Pour survivre, la société athénienne doit assurer un certain
équilibre: obtenir des riches les moyens d'assurer la subsistance des pauvres,
pour éviter que les mécontents ne causent des troubles civils, et
assurer aux riches le minimum de sécurité et de puissance. C'est
ce que dira plus tard Démosthène.
Par là s'explique l'un des traits les plus notables
de la démocratie athénienne: l'opposition entre tirage au sort
et élection. Les sources montrent en effet que les charges confiées
à l'élection, qui demeurent prestigieuses, sont souvent exercées
par des citoyens provenant des classes aisées, qui peuvent ainsi continuer
à jouer un rôle prépondérant dans la cité. Pour
Thucydide, c'est un équilibre de ce genre que Périclès a
réussi à sauvegarder. Sans doute, cet équilibre était-il
précaire, mais on peut dire que, comparée à l'ensemble des
cités grecques, la démocratie d'Athènes sut rester dans des
limites acceptables. C'est en grande partie à cela qu'elle dut sa relative
stabilité.
Bibliographie pour la fiche
M.
Hansen, La démocratie athénienne à l'époque
de Démosthène. Principes. Structures. idéologie,
trad. fr., Paris, 1993.