Objectifs du module
Le module s'articule en trois chapitres, correspondant aux trois situations principales auxquelles pouvaient être confrontés les captifs grecs:
- La mort, la torture et de manière générale les traitements dégradants.
- La rançon ou la mise en vente, soit les cas dans lesquels le prisonnier était considéré sous l'angle de sa valeur marchande.
- La libération gratuite de captifs pour des motifs politiques, diplomatiques ou de propagande.
A travers les exemples choisis, le module:
- montre la conception - très différente de la nôtre - que les Grecs avaient de l'emprisonnement ;
- met en lumière les différents traitements réservés aux prisonniers et les critères qui prévalaient au choix de tel ou tel traitement ;
- conduit le lecteur à une réflexion sur le statut de l'individu en Grèce, sur ses droits, sur sa place dans la société.
Problématique du module
La guerre et son cortège de violences et de conséquences désastreuses ont fait partie du quotidien des Grecs, de l'époque mycénienne à l'époque hellénistique. Les rivalités entre cités et le morcellement géopolitique du pays ont encouragé les luttes fratricides entre des groupes d'individus appartenant à un même monde culturel et linguistique. En outre, hormis la guerre, d'autres causes de violences existaient : la piraterie et le brigandage qui se fondaient sur les razzias et
les rapines exécutées par des malfaiteurs grecs à
l'égard de civils, grecs eux aussi. La question du traitement
des prisonniers prend dans ce contexte une coloration particulière
puisque, en règle générale, les captifs et leurs
détenteurs étaient des Grecs.
Pourtant ce
n'est qu'en 1968 qu'une étude spécifique s'est penchée
sur cette question (cf. bibliographie
du module). Elle a ouvert ainsi un nouveau champ d'investigations
et amené les Modernes à s'interroger sur des points
d'éthique touchant aux règles de la guerre, au droit
des gens ou aux sentiments d'humanité dans le monde grec. Depuis
lors, les centres d'intérêts relatifs aux prisonniers
grecs se sont diversifiés : on s'est attaché par exemple
à la représentation des vaincus, aux otages, au sauvetage
des prisonniers, aux relations juridiques existant entre un prisonnier
et son détenteur, au statut et au sort des femmes captives.
L'examen des
comportements grecs en la matière nous renvoie inévitablement
aux modalités et aux usages contemporains, influencés
par la création et le développement du CICR et par les
juridictions internationales en matière de droits des victimes
et de châtiment des criminels de guerre. Analyser ce qui nous
différencie des Grecs, c'est aussi prendre conscience de tout
qui nous en rapproche lorsque des sentiments aussi puissants que la
haine, le désir de vengeance, la panique ou la pitié
s'emparent d'un individu. Certaines réactions humaines transcendent
les siècles et les civilisations ; les rapports entre vainqueurs
et vaincus relèvent souvent de ces réactions viscérales
; mais pour les canaliser, chaque société a édicté
des règles différentes.